L’eau est un bien public, pour tous et à la disposition de tous. L’importance de l’eau, en tant que ressource essentielle au développement et à la survie des êtres vivants, est incontestable. Cependant, cette ressource devient de plus en plus rare et dégradée, en plus d’être inégalement répartie, comme le montrent les zones touchées par le stress hydrique, qui augmentent considérablement en Espagne. Ainsi, la demande en eau potable continue de croître, intrinsèquement liée à l’augmentation de la population, au développement économique, à la dégradation écologique et, inévitablement, aux habitudes de consommation.
Nouvelles normes pour un traitement et un contrôle plus efficaces des flux hydriques résiduels
Dans le cadre des mesures visant à faire face à ce problème, la révision de la Directive 91/271/CEE relative au traitement des eaux urbaines résiduaires (Amendements adoptés par le Parlement européen le 5 octobre 2023 sur la proposition de directive du Parlement européen et du Conseil relative au traitement des eaux urbaines résiduaires (version refondue) (COM(2022)0541 — C9-6363/2022 — 2022/0345(COD)) (europa.eu)) vise à introduire de nouvelles normes pour un traitement et un contrôle plus efficaces des flux hydriques résiduels. L’objectif est ainsi de progresser vers les ambitions fixées par l’Union européenne en matière de pollution zéro. Cette révision actualise la directive, en élargissant son champ d’application et ses objectifs, tout en soulignant le rôle central du secteur du cycle de l’eau et du traitement des eaux résiduaires dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et en fixant des échéances pour que le secteur atteigne la neutralité énergétique.
Extension de la responsabilité des producteurs dans le traitement des eaux résiduaires
Cette révision implique également une extension du régime de responsabilité des producteurs, engageant davantage les parties prenantes dans le traitement des eaux résiduaires. Cela favorise une contribution plus équitable au traitement des eaux résiduaires de la part des secteurs les plus polluants (tant en termes de volume que de charge polluante), garantissant ainsi une eau traitée de haute qualité. Cette eau peut être utilisée pour la restauration des milieux et des écosystèmes récepteurs ou pour la réutilisation des eaux traitées, conformément au Règlement (UE) 2020/741 du Parlement européen et du Conseil du 25 mai 2020 relatif aux exigences minimales pour la réutilisation de l’eau.
Parmi les diverses propositions de modification figurent :
- l’obligation d’introduction de traitements secondaires (biologiques), tertiaires (élimination de l’azote et du phosphore) et quaternaires (large spectre de microcontaminants) ;
- l’extension du principe « pollueur-payeur », qui oblige les producteurs de composés pharmaceutiques et cosmétiques (bien que cela n’exclue pas d’autres industries, comme le textile ou la chimie) à couvrir au moins 80 % des coûts liés à ces traitements supplémentaires, visant en priorité les polluants générés par leur activité industrielle. Une certaine flexibilité est permise dans la manière de répartir les coûts restants ;
- l’inclusion de charges liées à la collecte, à la gestion et à la vérification des données sur les produits mis sur le marché.
Les microcontaminants organiques, un grand problème environnemental
Il est essentiel d’accorder une attention particulière aux microcontaminants organiques. Ces contaminants, principalement d’origine synthétique, ont été développés pour améliorer nos standards de santé humaine et de développement économique. Parmi ces microcontaminants figurent des médicaments, des produits cosmétiques, des tensioactifs/détergents, des pesticides/fongicides, des sous-produits de désinfection ou encore des engrais chimiques, entre autres. Ces microcontaminants sont clairement identifiés dans les secteurs mentionnés précédemment, non seulement grâce à des mesures directes, mais aussi à travers des paramètres indirects ou substitutifs qui indiquent clairement leur présence et, par conséquent, la nécessité de les contrôler.
Cependant, ces composés (et leurs métabolites) ne sont pas dégradés dans les stations d’épuration des eaux usées (STEP) conventionnelles et sont libérés dans l’environnement de différentes manières. Ils peuvent être retrouvés dans les réseaux d’eau potable, les eaux de surface et souterraines, les sols, les sédiments, ainsi que dans les eaux usées provenant de diverses origines (industrielles, agricoles et domestiques).
Des études ont montré que, dans certains cas, ces composés peuvent présenter une toxicité et une réactivité accrues après leur rejet dans l’environnement. Leur présence dans les matrices hydriques se manifeste généralement à des concentrations très faibles (de l’ordre du ng/L et, plus fréquemment, du μg/L ou parties par milliard, ppb). Cela représente un grand problème environnemental en raison des risques potentiels associés à leur rejet et des interactions possibles avec les organismes vivants. Cette question préoccupe sérieusement les communautés scientifiques nationales et internationales, les centres technologiques, les administrations publiques et les agences de régulation à travers le monde.
Solutions innovantes pour réduire l’impact environnemental des industries cosmétique, pharmaceutique et textile
Dans ce contexte, AINIA collabore avec des entreprises des industries cosmétique, pharmaceutique et textile pour mettre en œuvre des solutions innovantes visant à réduire l’impact environnemental de leurs activités, en particulier en ce qui concerne la consommation énergétique, hydrique et les empreintes environnementales. Pour ce faire, plusieurs actions planifiées et réalisées dans ces secteurs incluent :
- l’augmentation de l’efficacité dans certaines parties des processus de production et de nettoyage grâce à l’introduction de technologies à fort potentiel, telles que la microencapsulation.
- la numérisation des processus ou l’obtention de composés à valeur ajoutée pour le développement de nouveaux produits.
- l’optimisation et l’amélioration de la capacité de nettoyage des équipements, des installations et des processus.
- la réduction de la consommation d’eau grâce au recyclage et à la recirculation des eaux internes.
- la mise en œuvre de plans de traitement, de régénération et de réutilisation des eaux industrielles (internes à l’entreprise) en conformité avec la législation en vigueur et les recommandations des guides BREF et BAT sectoriels.
- l’introduction de stratégies de valorisation intégrale des déchets, liquides et solides, selon le concept de bioraffinerie ou bio-usine.